A la suite du dramatique incendie de Notre-Dame de Paris, nous avons reçu et suscité de nombreuses réactions – voir notre Editorial du mois de avril – et récolté un flot de souvenirs.
Parmi ceux-ci, celui d’un membre de notre Conseil d’administration, Danièle Jeansonnie, directrice du conservatoire Mstislav Rostropovitch de Maisons-Laffitte.
C’était en 1977. Le 16 octobre pour être précis. Ayant reçu le prix d’excellence d’orgue du conservatoire de Caen, dans la classe de James Caussade (fils du célèbre Professeur d’écriture Simone Plé-Caussade), elle avait été invitée à donner un récital dans le cadre des fameux concerts d’orgue du dimanche après-midi organisés par l’organiste de Notre-Dame de l’époque, le célèbre Pierre Cochereau.
Jouer sur l’orgue historique de Notre-Dame de Paris, devant cinq mille personnes, on imagine l’émotion d’une étudiante !
Elle se souvient du sentiment qu’elle éprouva lorsqu’elle monta les marches vers l’orgue, en imaginant que ces marches avaient été gravies par Vierne ou Dupré.
« Impressionnée par la rumeur qui montait de la nef, provoquée par toutes ces personnes présentes dans la Cathédrale, et devant cette console monumentale de 5 claviers avec ses rangées verticales de boutons de cent jeux, sur les côtés, je me suis concentrée uniquement sur ma musique ».
Elle joua son programme. Et quel programme. Elle s’en souvient comme si c’était hier : la « Fantaisie et fugue en sol mineur » de J.S. Bach, un « canon » de R. Schumann, la « Fantaisie et fugue sur le nom de Bach » de F. Liszt, le « Prélude et fugue en sol mineur » de Marcel Dupré.
Dans le Liszt et le Dupré, elle utilisa le tutti, les cent jeux qui font trembler les murs de l’église, déchaîna ces sonorités monumentales que connaissent les organistes dotés alors d’une puissance surhumaine.
Cela se passa bien. Elle s’en souvient comme si c’était hier.
« Quelques temps après, un Américain m’écrivit pour savoir si un enregistrement avait été réalisé… »
Elle n’a plus joué à Notre Dame depuis. Mais revient chaque été à la tribune, le 15 août, pendant une dizaine d’années, avec l’ensemble de cuivres de la « Neustrie », formé par son mari le trompettiste Alain Jeansonnie.
Mais le souvenir du concert à Notre-Dame résonne encore dans sa mémoire.
André PEYREGNE
Vous aussi, comme Danièle Jeansonnie, vous avez vos souvenirs de Notre-Dame, en tant que musicien, interprète, compositeur ou visiteur.
Envoyez-les-nous. Avant que Notre-Dame ne redevienne un bâtiment de pierres, qu’il soit au moins un monument de souvenirs : contact@federation-ffea.fr